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MES SOUVENIRS

Florence et par suite à Rome en préservant l’Italie de toute ingérence étrangère dans ses affaires. Il montrait à la fois par là l’esprit politique et la force du Piémont en prouvant que, s’il savait défendre l’indépendance de l’Italie contre les étrangers, il savait la préserver de l’anarchie contre les Italiens. L’ordre et l’union rétablis dans la Péninsule, le Piémont eût pu se retourner ensuite vers les Autrichiens et leur dire : « Vous voyez que notre influence sur l’Italie n’est pas un vain mot, que nous savons la traduire en actes de force quand nous le voulons, et que nous pourrons disposer d’elle contre vous quand nous le voudrons. » Il se fût donné par là une force véritable vis-à-vis de l’ennemi, et il eût acquis une prépondérance réelle vis-à-vis de ses alliés qui eussent compris que l’ordre et la paix en Italie dépendaient de lui et que, puisqu’il savait les faire respecter, il saurait les garantir. La France et l’Angleterre eussent applaudi à cet acte de force qui eût été pour elles un excellent argument à faire valoir en faveur du Piémont dans les conférences. »

Ce langage avait reçu l’approbation formelle du gouvernement français, et M. de Bois-le-Comte put dire au marquis Colli : « Vous le voyez, le gouvernement français suivait une politique toute piémontaise, et il ne lui a manqué pour la réaliser que le