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CHAPITRE DIXIÈME

augmenter les haines contre l’Autriche en Italie et nous ôter tout moyen de contenir le désespoir des peuples. Vous nous retenez sans cesse quand nous avons des velléités de guerre, mais si vous faisiez cause commune avec nos ennemis comment pourrions-nous invoquer votre généreux appui pour faire équilibre aux sentiments de répugnance qu’inspire l’Autriche ? Comment, si l’Autriche envahissait l’Italie centrale, comprimer ces velléités belliqueuse, déjà si puissantes par l’effet seul de l’occupation du nord de la Péninsule ? »

Ce raisonnement péchait par la base. Jamais ni la France ni l’Angleterre ne s’étaient opposées à l’intervention piémontaise en Toscane : bien au contraire, M. de Bois-le-Comte, d’accord avec sir Ralph Abercromby, avait encouragé Gioberti dans son projet dont il avait fait part au ministre de France dès le 11 février. Lors de la chute de Gioberti, le 25 février, M. de Bois-le-Comte avait dit à son successeur, le marquis Colli :

« M. Gioberti avait eu une idée de génie, une de ces illuminations qui font la fortune d’un homme d’État. Il avait pensé que la meilleure manière de frapper sur les Autrichiens était d’aller éteindre en Toscane l’incendie qui menaçait d’envahir le Piémont. Si on l’eût laissé faire, il rétablissait l’ordre à