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de la campagne qu’il avait faite en Savoie en 1814. Il paraissait désirer que la France prit part à la guerre. Charles-Albert lui avait fait demander un plan de campagne qu’il s’était empressé de lui envoyer. Il me dit que si on voulait lui donner cinquante mille hommes il les conduirait volontiers en Piémont. Le maréchal ne paraissait pas avoir grande sympathie pour le général Changarnier qui, selon lui, était un homme difficile & vivre et jaloux.

Pendant ces quelques jours d’absence, la situation s’était beaucoup aggravée à Turin. Sous la première émotion causée par la retraite de Gioberti le ministère s’était complété en confiant les affaires étrangères au général marquis Colli de Felizzano, homme fort honorable qui avait servi dans l’armée française sous le premier Empire et qui avait perdu une jambe à Wagram. Ancien syndic de Turin avant la promulgation du Statut, depuis directeur général des postes, il était connu pour son dévouement à la personne du roi. Lui-même expliquait ainsi son acceptation :

« Je suis venu au ministère pour empêcher la guerre civile. Les dispositions de la population de Turin étaient très hostiles à la Chambre et à ses amis du dehors : une collision était inévitable. Elle eût pu être favorable au parti conservateur à Turin,