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pendant que mon père y était Receveur général des finances sous l’empire. La pauvre princesse était décharnée, d’une pâleur extrême, sans aucun vestige de son charme d’autrefois. Le prince Louis, après m’avoir fait visiter le château, m’avait offert à goûter, m’accueillant malgré mon âge — j’avais alors quinze ans — avec beaucoup d’égards et de bienveillance. Le prince Président n’avait pas oublié notre rencontre d’alors. Il avait appris l’affreuse mort de ma sœur et m’exprima à ce sujet toute sa sympathie.

C’est peu de mois après ma visite à Arenenberg que Louis-Napoléon perdit sa mère. Voici ce qu’il écrivit alors à un de ses oncles pour lui apprendre cette triste nouvelle, le 5 septembre 1837 :

« C’est le cœur navré que je vous annonce la mort de ma mère ; Elle a expiré ce matin à cinq heures, après avoir reçu tous les secours de la religion. Elle est morte dans mes bras et Elle m’a béni ! Voilà la seule consolation qui me reste !… »

Le général Changarnier était installé aux Tuileries. Il avait été question de lui donner le commandement de l’armée piémontaise. J’allai le voir. Il quitta son déjeuner pour me recevoir et me questionna avec le plus vif intérêt sur les événements auxquels j’avais assisté. En passant à Lyon je vis de même le maréchal Bugeaud qui me retint à déjeuner. Il me parla