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en France un rapport contenant tous les détails de cette intrigue peu honorable pour Charles-Albert. La peur seule avait pu le décider à se séparer d’un homme qui était à ses yeux la meilleure garantie de la conservation de son trône et à rompre l’engagement d’honneur qu’il avait pris vis-à-vis de son beau-frère.

Le grand-duc, définitivement abandonné par Charles-Albert, se rejeta du côté du Pape, du roi de Naples et de l’Autriche. Il s’embarqua pour Gaëte le 21 février sur un vapeur anglais, le Bull-Dog. Guerrazzi ayant marché sur Lucques contre le général Laugier, l’armée, restée jusque-là fidèle au grand-duc, se débanda et le général dut se réfugier en Piémont avec une trentaine d’officiers.

Guerrazzi établit en Toscane la plus odieuse tyrannie. Massimo d’Azeglio avait quitté Florence et s’était retiré à la Spezzia d’où il écrivit le 21 mars 1849 : « Les gens qui ont mené tout cela sont de si abominables coquins, ils ont tellement foulé aux pieds tout ce qu’il y a de principes honnêtes, ils exercent un si effroyable despotisme, persécutant et dépouillant leurs ennemis pour gorger leurs amis, que le peuple, les paysans, les masses, c’est affreux à dire, désirent et au besoin recevraient les Tedeschi comme des libérateurs.

» En Toscane et à Rome, on fait un bruit d’en-