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Il fut évident pour tous que Gioberti avait été le jouet de ses collègues. Ils avaient fait ou laissé afficher sur les murs des pamphlets odieux contre lui. Le bon sens public ne s’y trompa pas. Gioberti fut reconduit chez lui par une foule immense à qui il tint un langage très constitutionnel et qui le salua des plus vives acclamations. Les jours suivants les manifestations en sa faveur se multiplièrent. Une pétition, couverte de quinze mille signatures, fut portée au roi par trois mille gardes nationaux : la place était remplie d’une foule immense qui criait : Vive Gioberti !

Je venais d’être brusquement rappelé à Paris par une terrible catastrophe de famille. Ma sœur Caroline qui avait épousé le vicomte d’Arjuzon, passant avec une robe légère dans sa lingerie dont le fourneau était allumé, vit le feu prendre à ses vêtements. Elle ouvrit la fenêtre pour appeler du secours : en un instant elle fut entourée de flammes. Elle mourut après quelques jours d’atroces souffrances, comme une sainte qu’elle était, en recevant les bénédictions et les consolations chrétiennes de notre dévoué et vénéré ami, l’abbé Deguerry qui, en 1871, avec l’archevêque de Paris, devait lui-même être un des martyrs de la Commune.

Je fus chargé, par mon excellent chef, d’emporter