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CHAPITRE NEUVIÈME

l’opportunité et que, si on voulait le forcer à le faire sur-le-champ, il serait obligé de donner sa démission. Je n’ai pas voulu l’accepter, parce d’autres lettres de Gênes qui s’étaient croisées avec la sienne, me donnaient les meilleures assurances sur l’action exercée par M. Buffa dans le sens de la modération, et je lui ai répondu que je l’engageais à rester, persuadé qu’il remplirait son devoir. Mais je suis décidé à faire respecter les ordres du gouvernement à Gênes, dussé-je employer l’état de siège. Je ne céderai pas plus pour cela que pour Rome et pour Florence. Je déclarerai aux Chambres que j’ai rompu avec l’État romain et que je n’accepterai jamais la Constituante, nommée par le suffrage universel et avec mandat illimité. Vous me connaissez comme philosophe, s’est-il écrié, mais je puis vous donner l’assurance que j’ai, comme homme politique, une fermeté inébranlable et que j’engagerai plutôt ma tête que de reculer. Je fais cette déclaration devant vous parce que je sais qu’elle m’engage et je vous prie d’en donner l’assurance à votre gouvernement.

« Je ne laisserai pas le Piémont sacrifier son existence comme État à l’Italie centrale, qui ne possède ni hommes ni argent, et qui ne sait ni ne peut résister au désordre. J’ai offert la fédération en ce mo-