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CHAPITRE NEUVIÈME

fesseurs qui supportaient depuis longtemps avec impatience le joug de la noblesse et qui brûlaient de prendre leur revanche. Entre ces deux catégories de députés l’antagonisme était extrême. Les hommes les plus honorables et les plus libéraux qui avaient été les promoteurs du mouvement d’où était sorti le Statut, les Balbo, d’Azeglio, Cavour, Alfieri, étaient impopulaires par cela seul qu’ils appartenaient à la noblesse. Ces sentiments développés par la liberté de la presse et favorisés depuis le ministère Gioberti par l’action du pouvoir allaient inspirer les élections. Dans les centres importants, les villes et les gros bourgs chaque café était devenu un club où l’on pérorait contre la noblesse. Les députés conservateurs éprouvaient ainsi les plus grandes difficultés à se faire réélire dans leurs provinces. Les électeurs leur répondaient invariablement : « Nous avons toute confiance en vous personnellement, mais vous appartenez à la noblesse de l’ancien régime dont nous ne voulons pas. » C’est ainsi que Cavour échoua aux élections de janvier 1849 et fut remplacé par un certain Pansoya, une « obscure nullité », a dit justement M. Charles de Mazade. Il y eut à peine dans tout le Piémont dix députés de l’ancienne majorité réélus. La proportion fut plus forte en Savoie et dans la Sardaigne :