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MES SOUVENIRS

la province à une guerre offensive, la couronne pouvant faire des appels de troupes pour les garnisons du Piémont et les employer à sa guise pour une guerre défensive.

C’est dans une situation aussi critique que le gouvernement sarde crut devoir recourir à la mesure extrême de la dissolution de la Chambre. Charles-Albert, inerte et résigné, laissait agir son ministère. Dans une entrevue qu’il eut le 3 janvier 1843 avec M. de Bois-le-Comte il lui dit :

« Je ne suis pas républicain, non parce que je suis roi, mais parce que je suis convaincu que ce régime ne convient pas à l’Italie et ne pourrait qu’y compromettre la liberté. » Il rendit hommage à la France où les idées avancées acquéraient la maturité nécessaire pour porter de bons fruits et pour donner aux autres nations l’exemple de l’ordre dans le progrès. Il ajouta que la France était le seul gouvernement qui avait terminé sa révolution, exprimant l’espoir que la manière dont elle avait abattu les mauvaises doctrines arrêterait l’anarchie en Europe. Il s’étendit avec amertume sur les événements de Gênes et sur les dangers qu’ils faisaient courir au pays. « Les ministres, dit-il, n’ont pas voulu les réprimer : tout le mal est venu de là et Gênes est devenu ainsi le point de mire de tous les États de l’Italie. On veut