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CHAPITRE NEUVIÈME

mentir puisque tous avez des pièces qui prouvent qu’ils unissaient leur politique à la nôtre sous ce rapport.

« Quant à la guerre, tout en étant décidés à la faire, éloignez-en le plus possible l’époque pour vous donner les meilleures chances.

« À ces conditions, nous sommes disposés à vous appuyer et la majorité vous soutiendra ; mais si vous faites des choses contraires à nos principes, si vous encouragez l’anarchie, nous nous opposerons à vous par tous les moyens possibles. En un mot ne faites pas une politique de personnes ; soyez vraiment patriotes et ne vous occupez que des intérêts de l’indépendance et de l’union italiennes, et nous vous aiderons sans nous occuper nous-mêmes des questions de personnes. Ménagez surtout l’armée, car c’est la fortune de l’Italie : elle vous est hostile et se défie de vous. Rassurez-la, ne la désorganisez pas pour chercher une vaine popularité qui ne vous donnerait pas les moyens de la remplacer. »

Malheureusement Gioberti était trop accoutumé à la louange et trop avide de popularité pour ne pas céder aux entraînements de ses flatteurs et de ses amis. Ses choix diplomatiques n’étaient pas heureux. Il s’était imaginé d’accréditer auprès du roi de Naples, dont le concours pouvait être si nécessaire pour ré-