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CHAPITRE NEUVIÈME

approuvant les paroles de ce malencontreux ministre. Elle ne recueillit des signatures que dans un seul régiment, le 18e, faisant partie de la division du duc de Savoie. Le jeune prince indigné punit le colonel et ses officiers ; il demanda même des destitutions qu’il ne put obtenir. Loin de là le colonel qu’il avait suspendu fut attaché au ministère de la guerre, et un autre officier fort distingué, M. de Balbiano, qui avait écrit dans les journaux pour défendre l’armée contre M. Buffa, fut brutalement destitué. Le duc de Savoie voulait donner sa démission : il en fut empêché par la volonté expresse du roi.

Ce mécontentement était grave, car la Savoie s’agitait et c’était elle qui fournissait sans contredit les meilleurs soldats de l’armée piémontaise.

Gioberti aurait eu cependant bien des raisons de ménager la droite de la Chambre qui disposait en réalité de la majorité. Dans six bureaux sur sept, elle avait obtenu l’avantage pour la nomination des présidents. Mais elle ne se souciait pas de renverser le ministère et de reprendre le pouvoir. Elle en donna la preuve en accordant deux douzièmes provisoires que demandait le gouvernement. Cet acte de sagesse et de modération était dû à l’influence du général Perrone ; et, comme son ancien collègue, M. Pinelli, lui rappelait l’opposition systématique qui avait