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MES SOUVENIRS

toutes les attaques, il préparait la guerre à laquelle il était résolu. Ayant fait cette concession au parti avancé, il était fatalement menacé et entraîné par lui. — Pour résister à la guerre, disait-il, nous serions forcés de nous appuyer sur la réaction et nous ne le voulons pas.

Aussi, le 4 décembre, le cabinet donna-t-il sa démission collective qui fut acceptée par le Roi et annoncée aux Chambres. Charles-Albert avait eu d’abord l’intention de le reconstituer sous la présidence de Massimo d’Azeglio, ardent patriote mais ennemi convaincu des folies révolutionnaires. Esprit aimable, romancier, artiste, soldat, c’était un honnête homme dans toute la force du terme. Il était, avec le comte Balbo, un des plus illustres représentants de la fraction de la noblesse piémontaise qui avait épousé la cause italienne. Dans ses romans il s’était efforcé de relever le sentiment national et surtout la valeur militaire. Dans d’autres écrits (I Casi di Romagna), en se faisant l’avocat des malheureuses populations de la Romagne, il avait augmenté leur attachement pour le Piémont.

Grièvement blessé à la défense de Vicence, il s’était retiré à Florence d’où il fut appelé à Turin. Il y reconnut bien vite l’impossibilité de gouverner comme il le jugeait nécessaire. « Effectivement,