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MES SOUVENIRS

Le général alla chercher d’abord un commissaire de police et la garde nationale à qui il confia la défense du ministère » puis un escadron de dragons qui dispersa cette foule : on fit une quinzaine d’arrestâtions.

Le lendemain, les tribunes de la Chambre des députés furent évacuées sur l’ordre du Président. La garde nationale, chargée de l’exécution de cet ordre, n’éprouva aucune résistance. M. Pinelli, ministre de l’intérieur, déclara avec beaucoup de calme qu’il savait que les anarchistes avaient partout les mêmes sentiments et que les cris de : Mort au ministère ! se liaient par l’intention à l’assassinat de Rome ; il ajouta qu’il avait reçu des lettres, accompagnées de menaces, ne laissant aucun doute à cet égard, mais qu’il méprisait cette arme des lâches et qu’il accomplirait son devoir jusqu’au bout. Le ministère soutenait alors devant la Chambre un projet de loi qui soulevait une véritable tempête : c’était une loi de police contre les réfugiés des diverses parties de l’Italie, en vertu de laquelle ils devaient être obligés de donner une caution et pouvaient être arrêtés et conduits dans des dépôts s’ils ne remplissaient pas cette obligation. Devant les menaces de la foule quelques députés de la majorité ministérielle faiblissaient. La majorité n’était plus