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CHAPITRE HUITIÈME

les comtes Vitulien, René et Frédéric Borromeo, 1,400,000 francs ; la princesse Belgiojoso, 800,000 francs ; la famille Litta, 1,490,000 francs ; la famille Taverna, 500,000 francs[1].

Radetzki agissait ainsi pour entretenir son armée qui, étant de 120,000 hommes, coûtait 120,000 francs par jour. Les plus beaux palais de Milan étaient livrés à une soldatesque brutale qui y satisfaisait tous ses caprices, tandis que des casernes saines, bien aérées, bien aménagées, restaient complètement vides. Dans le magnifique palais du comte Borroméo on avait établi un hôpital : on faisait la soupe entre les colonnes de marbre, et les murs étaient garnis de clous pour suspendre les effets des soldats. Avec la régularité méthodique de la discipline autrichienne, ces clous devaient être plantés en ligne droite. Si sur cette ligne droite il se rencontrait des tableaux, les clous y étaient plantés impitoyablement.

Le passage en Lombardie de foins réunis à Gênes pour le service de l’armée autrichienne ayant été interdit par le gouvernement sarde, Radetzki fit cesser toute communication entre Milan et le Piémont. La poste n’arrivait plus que par des estafettes.

Il semblait y avoir parti pris de pousser les Italiens

  1. Giacometti, la Question italienne.