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MES SOUVENIRS

n’y en a plus qu’un qui ait une valeur : l’indépendance nationale. »

Le gouvernement français faisait tous ses efforts pour décider le ministère à rester. Pour cela il eût fallu lui promettre le succès de la médiation ou l’intervention armée en cas d’insuccès, — ce qui eût été compromettre dans une question étrangère les intérêts de la France. Les ministres sardes savaient qu’ils ne pourraient obtenir des résolutions aussi extrêmes. L’un d’eux disait à M. de Bois-le-Comte : « Nous sommes le goutteux qui souffre et sait qu’il n’y a pas de remède à son mal ; vous êtes le médecin qui ne peut le guérir. Nous savons cela, mais nous venons vous voir parce que pour nous, comme pour le malade, c’est un soulagement de voir qu’on s’occupe de notre mal. »

Un des chefs de l’opposition, Brofferio, avocat amoureux des périodes, tenait un langage plus ardent : « La République ne peut pas faire moins en Italie, disait-il, que ce que la monarchie a fait pour la Belgique. Si elle ne le veut pas, nous combattrons jusqu’à la mort pour notre indépendance et nous nous attacherons à ses flancs comme un fantôme sanglant jusqu’à ce que nous trouvions chez elle un vengeur ! »