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CHAPITRE SEPTIÈME

son action la paix à tout prix a compromis le salut national. »

Les esprits les plus pondérés, tels que Camille de Cavour, récemment élu député, regardaient comme impossible la résistance aux entraînements de l’opinion. « Que voulez-vous que nous fassions ? disait Cavour au ministre de France en septembre 1848. Notre situation n’est pas tenable. Ce n’est ni la paix ni la guerre. On nous en a fait espérer le dénouement il y a six semaines, et nous ne sommes pas plus avancés qu’auparavant. Nous ne savons ce que nous deviendrons. Voulez-vous que nous conseillions la patience quand tout le monde autour de nous crie à la trahison ? On nous reproche d’endormir le pays et nous serons entraînés par le torrent : autant vaut-il chercher à le diriger. Si nous savions quelque chose, si on nous disait ce que nous devons espérer ou craindre, alors nous pourrions prendre un parti. Il n’y a plus d’autre question politique que celle de la paix ou de la guerre ; le parti conservateur ne peut plus rester neutre entre ces deux questions ; il faut qu’il se décide et il est obligé de se décider pour la guerre sous peine d’être suspect. Nous avons combattu Gioberti les premiers ; nous sommes restés seuls à le combattre comme anarchiste ; mais aujourd’hui l’anarchie n’est qu’un mot vide de sens. Il