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MES SOUVENIRS

Scharnowski qui avait alors une grande réputation militaire et à qui il avait confié le commandement d’une division, mais il désirait remettre le commandement en chef à un général français, espérant sans doute ainsi engager la France dans sa querelle.

La nomination de Scharnowski soulevait une question internationale des plus graves. Elle avait eu pour conséquence la formation d’une légion polonaise à qui fut laissé le drapeau polonais. C’était alarmer et mécontenter le Czar, déjà fort mal disposé pour le mouvement de l’indépendance italienne. Dès le début de la guerre, il avait ordonné à toute la légation russe de quitter Turin sans laisser même un chancelier pour signer les passeports. Cette mesure avait été accompagnée d’une déclaration peu gracieuse pour Charles-Albert qui en avait conservé une impression très amère. Il y avait de la rancune dans l’appel que le roi de Sardaigne avait adressé aux défenseurs de l’indépendance de la Pologne.

La médiation anglo-française était loin d’être populaire en Italie. Gioberti l’avait vivement attaquée dans ses discours au Congrès : « Les puissances médiatrices, avait-il dit, ont endormi l’Italie ; elles la leurrent d’une négociation qui ne peut aboutir à la rendre indépendante et le ministère en acceptant cette médiation et en prenant pour base de