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CHAPITRE SEPTIÈME

gera géra. — Mais avec quoi ? — Par la force. — Mais, c’est parce que vous manquez d’une force suffisante que vous voulez en créer une nouvelle, et si le dévouement du peuple n’est pas volontaire, je ne vois pas avec quoi vous le remplacerez. D’ailleurs, quand même ce moyen donnerait des hommes, il ne donnerait pas de l’argent et il en faut pour les habiller, les nourrir, les armer, etc. — Cela ne m’embarrasse pas : nous créerons un papier-monnaie, comme la révolution française. — Mais elle avait sur la place de la Révolution un balancier qui imposait ce papier-monnaie par des moyens de coercition irrésistibles. — Oh ! s’écria Gioberti, je repousse tout moyen pareil. — Eh bien, alors, comment ferez-vous pour faire accepter ces assignats ? — L’idée seule de l’indépendance italienne les fera recevoir. — Nous ne pouvons pas, pour nous, nous borner à de tels moyens ; nous nous procurerons des hommes par le recrutement, par la mobilisation de la garde nationale, de l’argent par des augmentations d’impôts, des emprunts, et nous espérons ainsi nous mettre en mesure de continuer la guerre, au moins pour résister à l’ennemi sur notre sol. »

Ces moyens raisonnables ne suffisaient pas à Gioberti. Il rompit en disant : « Pour moi, je veux la