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MES SOUVENIRS

son armée de Rivoli à Goïto sur une longueur de près de 20 lieues, en présence d’un ennemi redoutable appuyé sur deux places fortes et recevant chaque jour de nouveaux renforts.

On reprochait à Charles-Albert son manque d’énergie ; on contestait injustement sa capacité militaire. Il avait envoyé ou laissé envoyer des agents faisant dans toute l’Italie de la propagande en sa faveur, sans avoir assez de résolution pour gouverner de fait les populations dont il convoitait l’annexion à la Sardaigne et sans savoir en prendre la direction politique et militaire. Ambitieux et indécis, il s’était laissé enivrer par les fumées de la vanité. On le comparait à Napoléon, et il avait fini par incarner en lui les exagérations ridicules de la fanfaronnade nationale. Après la prise de Peschiera il s’était cru roi d’Italie : il avait repoussé l’appui de la France comme une insulte et un danger, la laissant outrager et l’outrageant lui-même dans des notes qui protestaient contre la formation de l’armée des Alpes sur la frontière. Dès le commencement de la guerre le marquis Pareto annonçait à sir Abercromby qu’il avait demandé au gouvernement français de tenir l’armée des Alpes éloignée de la frontière pour qu’il ne pût venir à l’esprit de personne que la France voulût s’entremettre de quelque manière dans les