Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
MES SOUVENIRS

sur le royal prisonnier, qui plaçait une échelle contre la fenêtre du roi. Il la fit enlever et Alphonse de la Marmora s’en servit pour escalader le mur du jardin. Il courut vers les remparts et en ramena une compagnie de bersagliers et une compagnie de gardes. Quand les émeutiers les virent accourir au pas de course, ils s’enfuirent ! Il était temps : un baril de poudre venait d’être roulé devant la porte pour la faire sauter ; trois autres barils avaient été placés dans les caves. Le roi aurait péri enseveli sous les ruines du palais Greppi avec tout son entourage.

Charles-Albert, délivré, quitta à pied le palais Greppi. Escorté par ses troupes, il traversa la ville pour se rendre aux remparts où il donna ses instructions au général Bava. Puis, il la traversa de nouveau à pied et monta à cheval pour rentrer dans ses États, suivi d’une émigration effrayante ; je vis tout cela les larmes aux yeux. Le 6 août au matin, le roi était à Magenta. À la même heure, la capitulation s’exécutait et la Porta Romana était remise aux Autrichiens.

Je restai jusqu’au 7 août à Milan pour assurer la protection des Français qui n’avaient pas quitté la ville et dont la vie pouvait courir des dangers, j’assistai à l’entrée des Autrichiens. Partout l’abattement et la consternation étaient peints sur les visages. Il y