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MES SOUVENIRS

mières victoires et, à 8 heures du matin, il était à Bossolo, avec toute l’armée échelonnée sur l’Oglio. Radetzki l’apprit à son réveil. Charles-Albert comptait faire reposer ses troupes qui pourraient se battre encore et au besoin repasser le Pô !

Quels douloureux contrastes en quelques jours !

Le 23 juillet, la victoire de Staffalo, et le 24 avait commencé la marche rétrograde. L’émotion était extrême à Turin. Le 29 juillet la foule qui encombrait les tribunes se livra, avant la séance, aux désordres les plus tumultueux. On eut beaucoup de peine à faire évacuer la salle. Les portes furent fermées, les postes doublés et la place publique où les perturbateurs s’étaient transportés fut occupée par la garde nationale. Les députés Maffei, Cavour et Gioberti intervinrent, mais sans grand succès, pour calmer l’irritation populaire. La chambre conféra, jusqu’à la fin de la guerre, au gouvernement du roi tous les pouvoirs exécutifs et législatifs, sous la réserve de la responsabilité ministérielle.

De toutes parts les défections se produisaient. Les nouvelles levées lombardes, restées dans les dépôts, désertèrent ; seuls, les Lombards embrigadés sous le général Perrone restaient à leur poste. La retraite avait continué. Le 30 juillet, le roi arrivait à Crémone, ne cessant de s’exposer avec son sang-froid