Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
CHAPITRE PREMIER

tesse de Sainte-Aldegonde qu’à Saint-Cloud, en se promenant un matin dans le parc avec quelques personnes, le roi rencontra au détour d’une allée un fort gros arbre que le vent avait renversé et qui barrait le passage. On s’apprêtait à l’écarter : Louis-Philippe, malgré ses soixante-treize ans, prit son élan, franchit l’arbre et se retournant vers sa suite :

« Voilà, messieurs, dit-il, comment nous sauterons par-dessus la régence. »

Aux réceptions officielles du 1er janvier, il donnait la main à son petit-fils le comte de Paris, habillé fort simplement et tenant sous son bras gauche une petite casquette blanche. Le jeune prince, âgé de sept ans, paraissait d’une faible constitution.

J’avais quitté Rome depuis le mois d’avril 1844 et j’attendais à Paris une nouvelle destination. J’assistai au bal donné aux Tuileries le 14 janvier 1846. La foule était énorme. Louis-Philippe, en culotte courte, portait l’ordre de la Jarretière. On y remarquait le prince de Salerne, d’un embonpoint démesuré, dont la fille avait récemment épousé le duc d’Aumale ; le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha, mari de la princesse Clémentine.

L’ambassadeur du Maroc et sa suite exprimaient leur étonnement de voir polker et valser. Un rajah indien, colossalement riche, couvert de vêtements