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MES SOUVENIRS

arrêtée. Le roi alla visiter les blessés de Villafranca. Il trouva la ville pavoisée : quatre jeunes gens répandaient des fleurs sur son passage, pendant que se faisait entendre au loin le canon de Peschiera cherchant à détruire les ouvrages du siège commencé depuis quelque temps sous la direction du duc de Gênes. Ce siège absorbait Charles-Albert. Il y allait presque tous les jours et il assistait pendant plusieurs heures au bombardement de la place. Comme il lui fallait deux heures pour y aller de Somma-Campagna et autant pour en revenir, toute sa journée était prise. Le prince de Canino était au camp avec son fils, ainsi que le prince Corsini, ministre des Affaires étrangères de Toscane, qui en uniforme de général accompagnait chaque jour le roi devant Peschiera. Le roi le faisait asseoir avec lui sur un tertre où des boulets de la place venaient tomber de temps en temps. Le prince Corsini faisait très bonne contenance. Mais un jour d’autres personnages qui avaient pris des parasols pour se protéger du soleil voulurent aussi assister à ce spectacle. Un boulet vint à siffler. Instinctivement tous ces héros se placèrent derrière le roi pour y chercher un abri, ce qui amusa fort Charles-Albert et son état-major.

De son côté, l’Autriche était aux prises avec les plus graves embarras. La révolution avait éclaté à