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CROYANCE À LA VIE FUTURE

de l’efficacité de l’ascétisme, de la contemplation muette, de l’extase. En réduisant le plus possible sa vie matérielle, ses jouissances, sa pensée même, l’Indou croit détruire le germe qui se manifeste dans la série infinie des renaissances (karman). Il y a déjà de l’ascétisme (tapas) dans les Védas ; si la doctrine de la métempsychose ne s’y rencontre pas, c’est peut-être qu’elle fut d’abord celle des indigènes plutôt que de leurs conquérants européens.

10. À côté des croyances si répandues à la migration des âmes, on trouve en Inde des idées très semblables à celles des Grecs et des Romains : les âmes des ancêtres (pitris) habitent le ciel auprès du premier homme (Yama) elles restent en communication avec les mortels, viennent prendre part aux sacrifices et aux repas qu’on leur offre ; les oblations (srâddhas) sont un devoir strict auquel le fils ne peut se soustraire. Cette croyance était celle des envahisseurs aryens et sans doute aussi d’une partie des indigènes, qui construisaient pour leurs morts de grands tombeaux de pierre analogues à nos dolmens. Le rite de l’inhumation céda bientôt à celui de la crémation, qui avait pour but apparent de faciliter l’ascension des âmes vers le ciel, mais dont la cause première fut plutôt le désir d’anéantir le corps considéré comme dangereux, c’est-à-dire la crainte des revenants. Les rites funéraires se prolongent pendant un an, afin d’apaiser l’âme du mort qui est censée voltiger encore autour des vivants et qui, ce temps écoulé, va résider au ciel. L’idée d’un enfer pour les délinquants ne paraît très développée que dans les religions dites indouistes ; mais