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LES ARYAS ET LES INDOUS

dictions alimentaires — la vache —, mais dans le culte très répandu d’une foule de dieux sous forme animale, dans les mythes de la création et du déluge. Aujourd’hui encore, quelques tribus non aryennes de langue se partagent en clans à noms d’animaux, à l’intérieur desquels le mariage est prohibé ; il y avait autrefois, dans la caste des Brahmanes, certaines classes où les unions étaient interdites, ce qui peut marquer une survivance du totémisme. La magie, qui fait le fond des rituels, n’a pas cessé de fleurir en Inde jusqu’à nos jours. Ce sont là des caractères communs à toutes les civilisations primitives. Mais il existe, en Inde, deux conceptions populaires, se rattachant l’une à l’autre par un lien logique, qu’on ne trouve aussi développées nulle part ailleurs. Ce sont celles de la migration des âmes et de l’ascétisme libérateur.

9. L’idée de la migration des âmes répond à la métempsychose des Pythagoriciens grecs. Comme le totémisme, elle est le produit d’une exagération de l’instinct social ; l’Indou se sent apparenté à tout ce qui l’entoure et pense que son âme, avant d’animer son corps, a pu exister dans des êtres de toute espèce, organiques et même inorganiques, et qu’elle passera, après sa mort, dans les corps les plus divers. Cette incessante migration des âmes (samsâra) est ce que les Orphiques grecs appelaient le « cercle de la naissance » (kyklos tés généséôs). Très sensible aux misères de l’existence, l’énergie brisée par un climat humide ou de feu, l’Indou voudrait se soustraire à cette loi fatale qui le condamne à ne jamais connaître le repos ; d’où la seconde idée très répandue en Inde, celle