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UNITÉ INDO-EUROPÉENNE

à peu, sans tout à fait disparaître, avec l’élément indigène préexistant.

3. Le nom du ciel et, par extension, celui du dieu du ciel, Dyaus pitar (sanscrit), Zeus pater (grec), Jupiter (latin), se rencontre dans plusieurs langues indo-européennes ; mais ce sont seulement les Iraniens et les Indous, encore réunis vers 1400[1], qui possèdent en commun plusieurs noms de dieux : Indra, Mitra, les Asuras, les Dévas, ainsi que celui d’une plante sacrée, sôma (sanscrit), haoma (iranien). Il faut donc admettre que les Indous et les Iraniens avaient un rudiment de mythologie commune ; mais on manque d’éléments suffisants pour parler d’une mythologie ou d’une religion indo-européenne.

4. Notre connaissance des religions de l’Inde se fonde sur un très grand nombre de livres en vers et en prose, rédigés en sanscrit, en pâli, en prâcrit, en tibétain, en chinois, etc. La chronologie de ces textes est très incertaine et il s’en faut que les plus anciens en date nous révèlent les idées les plus anciennes ; cela est particulièrement vrai des livres védiques et brahmaniques, œuvres de prêtres qui, pareils en cela aux prophètes d’Israël, n’ont emprunté aux conceptions populaires que ce qui convenait à leur doctrine et à leurs desseins. On peut même dire que la littérature religieuse de l’Inde montre l’avènement progressif des idées populaires les plus anciennes dans les systèmes philosophiques et religieux. Ces idées nous sont surtout révélées par la littérature indoue de basse époque, et

  1. Voir plus loin, p. 91.