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PRÉFACE

Pourquoi le nom d’Orpheus, « le premier chantre du monder», comme disait Lefranc de Pompignan,-figure-t-il en tête de cet ouvrage ? C’est qu’il ne fut pas seulement « le premier chantre », bien que les Grecs connussent de lui des poèmes qu’ils croyaient fort antérieurs à ceux d’Homère. orpheus était, aux yeux des anciens, le « théologien » par excellence, l’instituteur des mystères qui assuraient le salut des hommes et, chose essentielle, l’interprète des dieux. Horace le désigne ainsi : Sacer interpresque deorum. C’est lui qui révéla aux Thraces d’abord, puis aux autres Grecs ce qu’il faut savoir des choses divines. Bien entendu, il n’a jamais existé, mais peu importe ; l’orphisme a existé et, suivant la juste expression de Jules Girard, ce fut le fait le plus intéressant de l’histoire religieuse de la Grèce. Ce fut même quelque chose de plus et de mieux. Non seulement, en effet, Vorphisme a pénétré profondément la littérature, la philosophie et l’art du monde antique, mais il leur a’survécu. L’image d’Orphée,’charmant les animaux aux sons de sa lyre, est le seul motif a.