Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/372

Cette page n’a pas encore été corrigée

u judaïsme, subissant des influences grecques difficiles à préciser. En résumé, Paul enseigne que le péché et la mort sont entrés dans le monde par Adam (dont Jésus n’a jamais parlé) et que le Christ, par son sacrifice volontaire, est venu racheter les hommes. Jésus a été l’image visible du Dieu invisible ; il est le fils de Dieu, quoique de naissance humaine (Paul ignore la filiation miraculeuse). La mort de Jésus a marqué celle du péché ; la vie nouvelle, annoncée par la résurrection de Jésus, est le règne de la sainteté de Dieu. Quand les temps seront venus, les fidèles seront enlevés au ciel avec le Seigneur ; c’est alors que les morts ressusciteront et seront jugés suivant leurs mérites. Pour gagner la vie céleste, le baptême et la foi en Jésus sont nécessaires ; les œuvres prescrites par la Loi de Moïse ne suffisent pas, car « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi ». Mais la foi n’est pas accessible à tout homme. Dieu choisit ses élus comme il lui plaît. C’est la doctrine de la prédestination par la grâce, que Paul, d’ailleurs, n’a pas très clairement exprimée (voir surtout Rom., 9, 11 et 11, 5).

53. Depuis saint Paul, l’idée maîtresse du christianisme est celle du rachat de l’humanité, coupable d’une faute préhistorique, par le sacrifice volontaire d’un surhomme. Cette doctrine est fondée sur celle de l’expiation — un coupable doit souffrir pour expier sa faute — et sur celle de la substitution des victimes — un innocent peut valablement souffrir pour un coupable. — L’une et l’autre sont à la fois païennes et juives ; elles appartiennent au vieux fonds des erreurs humaines. Mais Platon savait déjà que la peine infligée à un