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ée de l’épître aux Éphésiens. Cette dernière, à l’époque de Marcion (150), portait la suscription « aux Laodicéens », qui en furent sans doute les premiers destinataires. Il n’y a pas de bonnes raisons pour la contester. En revanche, l’épître aux Philippiens implique un état d’organisation de l’Église que ne révèlent pas les écrits authentiques de saint Paul ; c’est là un motif de la suspecter.

51. Les quatre grandes Épîtres aux Romains, aux Corinthiens (I et II) et aux Galates sont les monuments les plus importants de la doctrine paulinienne, de ce qu’il appelle lui-même la « folie de la croix » (I Cor., 1, 18), parce que les Grecs la qualifiaient ainsi (ibid., 23). Ce sont des textes difficiles, d’un style rugueux, d’une composition capricieuse, à tel point qu’on se demande comment les destinataires ont pu les comprendre. Une fois, au milieu de conseils sur la manière de vivre purement, Paul s’élève très haut dans une page éloquente sur la charité (I Cor., 13) ; par-ci, par-là, son génie atrabilaire lui suggère des observations de profonde psychologie, des trouvailles verbales dignes des plus grands écrivains. Mais, en général, la pensée de l’apôtre se voile au moment où nous essayons de la saisir ; ce juif, bien qu’écrivant en grec, avait conservé des habitudes de rédaction tout orientales. Lire les Épîtres sans un commentaire — celui de Reuss, par exemple — c’est risquer de perdre sa peine et de s’égarer.

52. Une immense littérature s’est développée autour de ces Épîtres. Étudiées minutieusement, elles ont paru livrer le secret d’une évolution de la pensée de Paul, s’écartant progressivement, d