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un esprit de conciliation ; en cela consiste l’originalité du rédacteur. Mais cette conciliation est œuvre de théologie, non d’histoire ; le Paul des Épîtres est un .tout autre homme que celui des Actes.

46. Il nous reste toute une collection d’actes apocryphes des différents apôtres, comme Pierre, Paul, Thomas, Jean, André, Philippe. Ce sont des romans pleins de merveilleux, assez amusants d’ailleurs, et où parfois des détails précis attestent de bonnes connaissances géographiques et historiques. Ces textes, qui nous sont parvenus en différentes langues, paraissent dériver d’éditions expurgées d’ouvrages gnostiques. L’Église permit de les lire comme les Évangiles apocryphes, mais à titre de curiosité seulement.

La plus jolie de ces histoires est celle de Thékla. Cette jeune fille, d’une bonne famille d’Iconium, se convertit à la voix de saint Paul, quitte les siens, brave tous les périls et finit par prêcher avec succès le christianisme à Iconium et à Séleucie. Tertullien nous apprend (vers 200) que ce roman a été fabriqué par un ancien d’Asie Mineure qui, convaincu de fraude, avoua avoir écrit tout cela « par amour de Paul ». [1] C’est donc le type même de la fraude pieuse ; il en est de moins divertissantes et surtout de moins innocentes que celle-là.

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47. Le canon de l’Église admet 14 Épîtres de saint Paul : 1 aux Romains, 2 aux Corinthiens, 1 aux

  1. Tertullien, De Bapt., 17.