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simplement ignorées. » [1] L’abbé Loisy a pu dire que l’auteur du troisième Évangile a « escamoté » le témoignage de Marc (16, 7), corroboré par Matthieu, touchant les apparitions de Jésus en Galilée [2], afin de réunir les disciples le jour de la résurrection et les retenir à Jérusalem jusqu’à la Pentecôte. Même dans l’état remanié de nos textes, on peut s’assurer que la résurrection de Jésus, si elle fut admise par les premières communautés chrétiennes et par saint Paul, leur était connue à titre de croyance pieuse et non de fait historique.

27. Peut-on du moins tenter d’extraire des Évangiles les éléments d’une biographie de Jésus ? Il est contraire à toute saine méthode de composer — comme l’a fait encore Renan — une vie de Jésus, en éliminant le merveilleux des Évangiles. On ne fait pas de l’histoire vraie avec des mythes, pas plus que du pain avec le pollen des fleurs. Le Jésus historique est proprement insaisissable, ce qui ne veut pas dire qu’il n’ait pas existé-, mais simplement que nous ne pouvons rien affirmer à son sujet, faute de témoignages remontant sans conteste à ceux qui l’ont vu et entendu.

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28. L’époque où se place l’enseignement de Jésus est une de celles que nous connaissons assez bien par les textes profanes ; or, les auteurs contemporains sont

  1. Loisy, Quelques lettres, p. 226.
  2. Ibid., p. 190.