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connu les apôtres. « Un ancien disait ceci : Marc, devenu l’interprète de Pierre, a soigneusement écrit tout ce dont il se souvenait ; cependant, il n’a pas écrit avec ordre ce qui a été dit ou fait par le Christ, car il n’avait pas entendu le Seigneur et ne l’avait pas suivi ; mais plus tard il avait suivi Pierre, qui, selon le besoin, donnait des enseignements, mais sans exposer avec ordre les discours du Seigneur ; en sorte que Marc n’a fait aucune faute en écrivant ainsi certaines choses de mémoire, car il avait soin de ne rien omettre de ce qu’il avait entendu et de n’y introduire aucune erreur... Matthieu avait écrit en langue hébraïque les discours du Seigneur et chacun les interprétait comme il pouvait. »

Ces deux textes, malgré la médiocrité évidente de leur auteur, sont d’une importance capitale. Ils prouvent d’abord que le Marc, visé par l’ancien qui renseigna Papias, n’est pas notre Marc, puisque cet Évangile ne manque pas d’ordre, mais seulement une des sources de notre Marc ; puis, que notre Matthieu n’est pas le Matthieu primitif, qui se composait de discours de Jésus notés en hébreu et de façon assez obscure. Il n’y a d’ailleurs aucun motif de mettre en doute la bonne foi de l’informateur de Papias.

17. L’étude comparative et détaillée des Synoptiques autorise, je crois, les propositions suivantes, sur lesquelles, d’ailleurs, l’accord des critiques n’est pas complet :

1° Les parties communes à Matthieu et à Luc, qui manquent dans Marc, proviennent d’une traduction grecque du recueil des discours (en grec, logia), attribué a Matthieu. Ce recueil comprenait auss