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LE MANICHÉISME

fidèles ou auditeurs. Les premiers forment une sorte de clergé, doivent s’abstenir du mariage, de la chair des animaux (sauf quelquefois des poissons), du vin, de toute cupidité et de tout mensonge. Les fidèles sont soumis aux mêmes règles morales, mais ils peuvent se marier et travailler comme les autres hommes ; seulement, ils ne doivent ni accumuler des biens, ni pécher contre la pureté. Les chrétiens ont, il est vrai, attribué aux Manichéens des mœurs infâmes ; mais la preuve que ce sont là des calomnies, inspirées par la haine théologique, c’est que saint Augustin, qui fut manichéen pendant neuf ans, ne se confesse d’aucune turpitude commise parmi eux.

24. La religion manichéenne est très simple. Pas de sacrifices, pas d’images, mais des jeûnes fréquents, quatre prières par jour au soleil et à la lune, considérés non comme des dieux, mais comme les manifestations visibles de la lumière ; ces prières, dont il nous reste des spécimens, sont très voisines de certains hymnes babyloniens. Les Manichéens pratiquaient le baptême, la communion et une sorte d’initiation, souvent donnée à l’article de la mort, qui comportait la remise des péchés et s’appela, dans l’Occident latin, « consolation ».

25. Aux yeux des Manichéens, le vrai Jésus avait été un messager de la lumière, dont le corps, la naissance et la mort sur la croix ne furent que de trompeuses apparences. Ils rejetaient comme erronée une grande partie des Évangiles, mais admettaient et admiraient les discours et les paraboles du Seigneur. Quant à l’Ancien Testament, ils le condamnaient