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MITHRAÏSME ET CHRISTIANISME

qui dit un jour qu’ils adoraient le même Dieu. Vers 200, Tertullien, pour expliquer les ressemblances du mithraïsme et du christianisme, allègue les artifices du diable. C’est donc qu’il ne pouvait admettre un plagiat, vu l’antériorité certaine des rites mithriaques. D’autre part, les païens n’ont pas accusé non plus les chrétiens d’avoir plagié le mithraïsme. La conclusion qui s’impose, c’est que le christianisme et le mithraïsme ont pour source commune, en partie du moins, une ou plusieurs de ces vieilles religions asiatiques dont nous ne connaissons que les formes relativement modernes et qui avaient pour caractères essentiels le sacrifice du dieu et la communion. Quant à l’identité de la morale des deux religions, nul ne l’a mieux et plus simplement expliquée qu’Anatole France : « Chaque époque a sa morale dominante, qui ne résulte ni de la religion, ni de la philosophie.... Parce que la morale est la somme des préjugés de la communauté, il ne saurait exister deux morales rivales en même temps et en même lieu. » Il s’agit, bien entendu, de la morale qu’on exige des autres ; à l’époque où triompha le christianisme, chrétiens et païens étaient d’accord sur celle-là et s’entendaient aussi, sauf exceptions rares, à ne la point pratiquer.

20. Des confins de la Babylonie et de la Perse partit une nouvelle religion universaliste, c’est-à-dire qui, à l’exemple du christianisme et du mithraïsme, s’offrait aux hommes de toute condition et de toute race comme la voie du salut. C’est le manichéisme qui, depuis le