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LE ZENDAVESTA ET LA BIBLE

14. Par sa simplicité relative, par son aversion pour l’ascétisme et la contemplation stérile, comme par l’élévation de sa morale sociale et personnelle, le mazdéisme est, de toutes les religions antiques, celle qui se rapproche le plus du judaïsme. S’il a quelques noms de divinités en commun avec l’Inde, l’esprit qui l’anime est tout différent. Son influence sur le judaïsme et par lui, ou même directement, sur le christianisme a été d’autant plus forte qu’il y avait, dès l’origine, entre ces doctrines, comme une sorte d’affinité et de sympathie. Mais la littérature avestique est incomparablement inférieure à la Bible. Elle est pleine d’effroyables inepties. Voici un spécimen d’une conversation entre le prophète et son dieu[1] : « Zarathustra demanda à Ahura Mazda : Esprit très bienfaisant, créateur du monde des corps ! Saint ! Quel est l’acte le plus énergiquement mortel par lequel les mortels sacrifient aux démons ? — Ahura Mazda répondit : C’est quand ici les hommes, se peignant et se taillant les cheveux, ou se coupant les ongles, les laissent tomber dans des trous ou dans une crevasse. Alors, par cette faute aux rites, il sort de la terre des Daêvas, des Khrafstas que l’on appelle des pous et qui dévorent le grain dans les greniers, les vêtements dans la garde-robe. Toi donc, ô Zarathustra, quand tu te peignes ou te tailles les cheveux, ou que tu te coupes les ongles, tu les porteras à 10 pas des fidèles, à 20 pas du feu, à 50 pas des faisceaux consacrés du baresmân. Et tu creuseras un trou profond et tu y déposeras tes

  1. Darmesteter, L’Avesta, t. II, p. 237.