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LES PERSES ET LES IRANIENS

didad — mais la vertu active, la véracité, le courage, la charité (même envers les animaux), l’humilité. Défricher un champ, creuser un canal, jeter un pont, détruire des bêtes nuisibles comme fourmis et grenouilles, c’est servir la cause du dieu bon ; une existence bien remplie est un perpétuel exorcisme. À la fin des siècles, Ahura Mazda engagera une lutte décisive contre Ahriman et l’emportera grâce à l’archange Sraosha (l’obéissant), vainqueur du démon Aêshma (peut-être l’Asmodée du livre de Tobie). Une vierge concevra alors de Zoroastre un Messie, le Victorieux, le second Zoroastre, qui fera ressusciter les morts, et d’abord le premier mort, l’homme primitif Gayomart. Les bons seront séparés des méchants ; mais les peines de ceux-ci ne seront pas éternelles ; après un embrasement général qui purifiera le monde, toute l’humanité se réunira dans l’adoration d’Ormazd.

10. L’impureté par excellence est celle qui souille les éléments sacrés, le feu, la terre ou l’eau. Brûler, immerger ou ensevelir des cadavres est une abomination ; il faut les exposer à l’air, comme le font encore, sur leurs tours du silence, les Parsis ou Guèbres de Bombay, ces derniers fidèles du mazdéisme. Un mage, sous l’Empire romain, refusait de voyager par eau, par peur de souiller la mer de ses déjections[1]. Mais le nombre des impuretés que l’homme peut commettre est infini et le rituel des purifications avestiques est d’une complication telle, qu’on se demande si jamais une société active a pu s’en accommoder. Beaucoup

  1. Pline l’Ancien, XXX, 6.