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L’INDOUÏSME

nommé dans les Védas, ne s’est pas seulement incarné en Krishna, mais en Râma, le héros du Râmâyana. Sîtâ, épouse de Krishna, a été enlevée par Râvana, le prince des démons, et conduite à Ceylan. Râma la reprend, grâce à son alliance avec le singe Hanuman et à l’armée de singes qu’il commande. Hanuman est un dieu très populaire dans l’Inde actuelle ; Râma l’est plus encore.

39. Le vishnuïsme, par sa conception même, était plus austère que le sivaïsme ; mais on incorpora l’amour (bhakti) dans l’épouse de Vishnu, Lakhsmî, et il en résulta un développement de mysticisme sensuel qui a énervé et dégradé le vishnuïsme.

40. L’indouisme s’est divisé en d’innombrables sectes, s’est peuplé de dieux, de déesses, de démons, au point de ressembler à une forêt tropicale. Le culte consiste en une vénération trop souvent désordonnée de fétiches et d’idoles, accompagnée de sonneries de cloches, d’illuminations, de jonchées de fleurs ; la musique hurle ou soupire, lés bayadères dansent, les têtes s’égarent et l’horrible tableau des supplices de l’enfer indouiste ne suffit pas pour inspirer aux fidèles le respect des mœurs.

41. Un lieu de pèlerinage favori est Bénarès, « le lotus du monde », avec ses 2000 temples ; un autre est le sanctuaire de Vishnu à Jagannath (Orissa), où cent mille imbéciles viennent assister à la sortie de l’idole sur son char et où beaucoup, disait-on, se font écraser sous ses roues. L’habitude de se baigner en masse dans les eaux sacrées du Gange, souvent infectées des germes du choléra, est une des superstitions qui entretiennent ce fléau en Inde et qui, avec le pèlerinage des