Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée
87
LE LAMAÏSME

chien, du singe vénéré à titre d’ancêtre, des chiens sacrés entretenus dans les lamaseries pour dévorer les morts, avec un développement inouï de la sorcellerie la plus basse. Le buddhisme qui s’y introduisit vers 650 était lui-même infecté de magie et de pratiques ascétiques. Le lamaïsme diffère surtout du buddhisme par la croyance à l’incarnation permanente de buddhas célestes dans les deux lamas ; quand l’un de ces papes vient à mourir, le sort désigne un enfant né neuf mois après, qui doit succéder à sa dignité. Au xixe siècle, le gouvernement chinois a substitué son choix à la voix du sort ; mais ni sa suzeraineté, ni l’expédition des Anglais à Lhâssa (1904) n’ont fait disparaître les extravagances du lamaïsme. On a dit souvent qu’avec ses prêtres rasés, ses cloches, ses rosaires, ses moulins à prières, ses idoles, son eau bénite, ses papes et évêques, ses abbés et moines, ses processions et fêtes, ses confessionaux, son Purgatoire, son Enfer, son culte de la Vierge, le lamaïsme est une caricature du romanisme.

36. La littérature buddhique du Tibet comprend deux énormes collections, le Kandjour et le Tandjour, l’une de 108, l’autre de 225 volumes in-folio. Quelques grandes bibliothèques en possèdent des exemplaires, dont on a traduit de longs extraits, suffisants pour donner une idée de l’ensemble.

37. Si le buddhisme est l’avènement, dans l’histoire religieuse de l’Inde, de la croyance populaire à la transmigration, le groupe confus de sectes que l’on appelle l’indouisme marque celui du polythéisme et de la magie populaire, des croyances peu évoluées des indigènes, superficiellement convertis au brahmanisme.