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Il existe deux savants manuels de l’histoire des religions, dus à Conrad von Orelli et à Chantepie de la Saussaye. L’un et l’autre de ces grands ouvrages, dont le second a été traduit en français, laissent de côté le christianisme. Pour connaître l’histoire des religions chrétiennes, il faut recourir à d’autres livres, la plupart très volumineux et remplis de détails sur les controverses et les sectes qui intéressent seulement les érudits.

Je ne comprends pas qu’on fasse au christianisme une place à part. Il compte moins de fidèles que le buddhisme ; il est moins ancien que lui. L’isoler ainsi peut convenir à des apologistes, non à des historiens. Or, c’est en historien que je m’occupe des religions. J’y vois des produits infiniment curieux de l’imagination des hommes et de leur raison encore dans l’enfance ; c’est à ce titre qu’elles méritent notre attention. Elles ne nous intéressent pas toutes également, car celles qui ont occupé la plus grande place dans l’histoire sont naturellement les plus dignes d’être étudiées ; et c’est pourquoi, dans ce modeste volume, j’ai insisté sur le judaïsme et sur le christianisme plus que sur les religions de l’Assyrie, de l’Égypte et de la Chine. Ce n’est pas ma faute si l’histoire du christianisme se confond un peu, depuis deux mille ans, avec l’histoire universelle et si, en esquissant celle-là, j’ai été amené, dans une certaine mesure, à raconter brièvement celle-ci.

La plus lisible, la plus spirituelle, la moins pédante des histoires générales, — je ne dis pas la plus exacte ni la plus complète, — est l’ensemble formé par l’Essai sur les Mœurs de Voltaire, suivi de son Siècle de Louis XIV et de son Siècle de Louis XV. Je ne partage