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LES ARYAS ET LES INDOUS

De dieux, il n’est plus question ; mais comme le Sânkhya admettait l’autorité infaillible des Védas, son athéisme fut considéré par les Brahmanes comme inoffensif.

23. Du sein de la classe des guerriers s’élevèrent, au vie siècle avant Jésus-Christ, deux réformateurs inégalement célèbres : Mahâvîra, le fondateur du jaïnisme (jina, « vainqueur ») et Gautama, le fondateur du buddhisme {buddha, « l’éveillé »). Mahâvîra est le plus ancien des deux, mais paraît avoir encore vécu à l’époque de la prédication du Buddha. Les deux doctrines se ressemblent beaucoup, parce qu’elles sont l’une et l’autre hostiles au ritualisme brahmanique et qu’elles s’inspirent également de la théorie populaire de la migration. La différence la plus importante, c’est que le jaïnisme fait une grande part à l’ascétisme, à la cruauté envers soi-même, tandis que la religion du Buddha est toute de douceur. Il y a encore des jaïnistes dans l’ouest de l’Inde, alors que le buddhisme n’existe plus qu’à Ceylan. Nous ne nous arrêterons ici que sur le buddhisme, mais présenterons une observation importante sur l’art du jaïnisme. Seuls de tous les Indous, les jaïnistes représentent, dans la sculpture, des hommes entièrement nus ; ce sont les saints jaïnistes. Or, il n’y a pas le moindre doute que le modèle de toutes ces images est une statue grecque du type dit d’Apollon archaïque, des environs de l’an 520 avant Jésus-Christ. Une de ces statues a pu parvenir d’Ionie en Inde et y être indéfiniment imitée. D’autres indices semblent témoigner, au vie siècle, de rapports assez étroits entre l’Ionie et l’Inde, où les Grecs ont toujours été appelés Yavanas (Iavones) ; or, c’est précisément l’époque où