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SACRIFICES ET PRIÈRES

être lunaire, est le gardien de l’ordre cosmique et de l’ordre moral. Rudra, dont les flèches déchaînent la peste, est le père des génies du vent ou Maruts ; Ushas est l’Aurore. Les deux Asvins sont des héros analogues aux Dioscures grecs, qu’on a identifiés à l’étoile du matin et à celle du soir.

17. Le sacrifice par excellence est celui du cheval, considéré probablement comme un adjuvant du feu céleste. Les traces qu’on a cru découvrir de sacrifices humains sont douteuses. En général, le rituel védique est empreint de douceur ; les idées morales, celles du péché et de la pénitence, commencent à se faire jour[1]. Cependant, l’objet essentiel de la prière est d’obtenir des biens terrestres : la pluie, le soleil, la santé. Ce qu’il y a de grossièrement magique ou naturaliste a été laissé dans l’ombre par les Rishis, ou plutôt par les prêtres auxquels nous devons le texte actuel des Védas. Le fonds religieux primitif est partout voilé par le ritualisme, en voie d’évolution vers un panthéisme mystique. La spéculation philosophique n’est pas absente : « D’où vient le monde ? Est-il créé ou incréé ? Celui-là seul le sait qui voit toutes choses, et peut-être l’ignore-t-il lui-même. » Il y avait déjà des sceptiques, des hommes qui niaient Indra parce qu’il était invisible[2]. 18. Les savants, depuis Bergaigne surtout, ont cessé d’admirer dans les Védas les premières hymnes de l’humanité ou de la « race aryenne » en présence des

  1. Max Müller, Ibid., p. 357.
  2. Bergaigne, Religion védique, t. II, p. 167.