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histoire de la révolution russe

doivent pas disparaître, la Pologne et la Lithuanie ne peuvent rester dans les griffes de l’Allemagne, l’Arménie torturée ne peut être rendue à ses bourreaux. La tâche de la victoire est d’ailleurs inséparable de celle de la réforme intérieure ; il faut, pour vaincre, réorganiser la nation.

Une révélation scandaleuse obligea Khvostov à donner sa démission. D’accord avec Stcheglovitov, il avait préparé un grand congrès monarchiste auquel devaient être invités deux mille délégués des paysans russes, dont il offrait de payer le voyage sur les fonds du ministère de l’Intérieur. Le secret fut mal gardé et l’irritation de la Douma portée à son comble quand elle sut qu’au cours de ce congrès on devait réclamer sa suppression. Stürmer remplaça Khvostov (19 mars).

Au mois de mai, des délégués russes, dont Protopovov fut le plus loquace, vinrent à Paris et tinrent des discours en l’honneur de l’Alliance. Rodzianko, président de la Douma, dit à un journaliste qu’il n’y avait pas de parti de la paix en Russie, que c’était une invention allemande (27 mai). Pourtant, des bruits singuliers continuaient à courir ; on apprit que Protopopov, revenant de Paris et de Londres par Stockholm, avait fréquenté dans cette ville un banquier allemand de Hambourg que lui avait dépêché Lucius, ministre d’Allemagne en Suède, avec des offres de paix séparée et des fonds pour lancer un nouveau journal. Nous avons déjà cité les paroles de Rodzianko, prononcées au mois de juillet à la Douma.

Le 23 de ce mois, éclata comme un coup de foudre la nouvelle d’un remaniement profond du ministère : Sazonov était remplacé aux Affaires