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plus tard, ne suffiraient pas pour me soutenir pendant huit jours ; qu’arriverait-il ensuite ?

Plus d’espoir ! la mort était certaine, et quelle mort !

Terrifié par cette horrible perspective, je ne pris pas même les précautions nécessaires pour empêcher les rats de remonter dans la caisse. J’étais condamné à mourir de faim, j’en avais la certitude, à quoi bon différer l’exécution de l’arrêt ? Autant mourir tout de suite que d’attendre la fin de la semaine. Vivre quelques jours en pensant à un supplice inévitable, était plus affreux que la mort ; et la pensée du suicide me vint de nouveau à l’esprit.

Néanmoins elle ne me troubla qu’un instant ; je me rappelais qu’à l’époque où je l’avais eue pour la première fois, ma position était encore plus affreuse, la mort plus imminente ; que j’y avais cependant échappé comme par miracle ; et je me disais que le salut était encore possible. Je n’en voyais pas le moyen, mais la Providence me l’indiquerait, et en appelant toutes mes forces à mon aide je pourrais peut-être sortir de cette épreuve. Toujours est-il que le souvenir du passé, et les réflexions qui en découlaient, me rendirent un peu d’espoir ; c’était une lueur bien vague, bien faible assurément, mais qui suffit à réveiller mon courage et à me tirer de mon état de prostration. Les rats commençaient à se rapprocher de la caisse pour y continuer leur