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Il n’était plus besoin de chercher ce qu’était devenu mon biscuit ; la présence du rongeur l’expliquait à merveille, ainsi que les ravages causés à ma bottine, et dont j’avais accusé la souris avec tant d’injustice. Le rat, pendant quelque temps, s’était donc repu autour de moi sans que j’en eusse connaissance.

Je n’avais plus qu’une seule et unique pensée : comment faire pour empêcher l’ennemi de revenir ? Comment s’emparer de lui, ou tout au moins l’éloigner ? J’aurais donné deux ans de mon existence pour avoir une ratière, un piége quelconque ; mais puisque personne ne pouvait me fournir ce précieux engin, c’était à moi d’inventer quelque chose qui pût me délivrer de mon odieux voisinage. J’emploie ce mot à dessein, car j’étais persuadé que le rat n’était pas loin de ma cabine ; peut-être avait-il son repaire à un mètre de ma couche ; il logeait probablement sous la caisse de biscuit.

Toutefois, j’avais beau me mettre l’esprit à la torture, je ne trouvais pas le moyen de m’emparer de l’animal. Certes il était possible de le saisir de nouveau, en supposant qu’il revînt grimper sur moi ; mais je n’étais pas d’humeur à le retrouver sous ma main. Je savais qu’en s’enfuyant il avait passé entre les deux tonneaux ; je supposai que s’il devait revenir, ce serait par la même route ; et il me sembla qu’en bouchant tous les autres passages, ce qui