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qu’un des hommes de l’équipage se rendrait à la ville, et que je trouverais le moyen de lui parler.

Mais, en supposant que ma prévision ne se réalisât pas, il me restait l’espoir de me faufiler à bord sans le secours de personne. À la chute du jour, lorsque les matelots auraient quitté l’ouvrage et seraient dans l’entre-pont, qui est-ce qui me verrait dans l’ombre ? Je passerais inaperçu auprès de la sentinelle, je me glisserais par l’une des écoutilles, je descendrais dans la cale, et une fois au milieu des tonneaux et des caisses, je ne redouterais plus rien.

Mais une double inquiétude se mêlait à cette combinaison et troublait mon espoir : l’Inca resterait-il jusqu’à la nuit, et ne serais-je pas retrouvé par les domestiques de mon oncle avant que je me fusse introduit dans ma cachette ?

Je dois avouer que la première de ces craintes n’était pas des plus vives ; l’écriteau, qui la veille avait attiré mes regards, était au même endroit, et c’était toujours demain que le vaisseau devait partir. Il y avait encore sur le quai une foule de marchandises qui appartenaient à l’Inca, et je savais, pour l’avoir entendu dire, que les vaisseaux qui doivent faire un long voyage partent rarement le jour qui avait été fixé. J’avais donc à peu près l’assurance que mon navire ne mettrait à la voile au plus tôt que le lendemain, et cela me donnait la chance d’y entrer à la nuit close.