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La chose était résolue ; mais comment faire pour la mettre à exécution, pour obtenir un passage gratuit, et pour échapper à la tutelle de mon ami John, le conducteur de la charrette ? La première de ces difficultés, qui vous paraît peut-être la plus grande, était celle qui m’embarrassait le moins. J’avais souvent entendu parler d’enfants qui avaient quitté la maison paternelle, et s’étaient embarqués avec la permission du patron, qui les avait pris en qualité de mousses, et plus tard comme matelots. Cela me paraissait tout simple ; j’étais persuadé qu’en allant à bord pour y offrir ses services on devait être bien accueilli, dès l’instant qu’on avait la taille voulue, et qu’on montrait de la bonne volonté.

Mais étais-je assez grand pour qu’on m’acceptât sur un brick ? J’étais bien fait, bien musclé, bien pris dans ma petite taille ; mais enfin j’étais petit, plus petit qu’on ne l’est à mon âge. On m’en avait raillé plus d’une fois, et je craignais que cela ne devînt un obstacle à mon engagement sur l’Inca.

Toutefois c’était à l’égard de John que mes appréhensions étaient les plus sérieuses. Ma première pensée avait été de prendre la fuite, et de le laisser partir sans moi. En y réfléchissant j’abandonnai ce projet ; le lendemain matin John serait revenu avec les gens de la ferme, peut-être accompagné de mon