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Scène III.

AGÉLAS, CRISÉIS.
agélas.

Je ne sais, Criséis, si l’éclat de ces lieux
Avec quelque plaisir peut arrêter vos yeux ;
Je ne sais si la cour vous plaît, vous dédommage
De la tranquillité que l’on goûte au village :
Mais je voudrois qu’ici vous pussiez recevoir
Tout au tant de plaisir que j’ai de vous y voir.

criséis.

Seigneur, de vos bontés, qu’on aura peine à croire,
Le souvenir toujours vivra dans ma mémoire ;
Et j’aurois mauvais goût, si, sortant des forêts,
Je ne me plaisois pas en des lieux pleins d’attraits,
Où chacun du plaisir fait son unique affaire,
Où les dames surtout ne s’occupent qu’à plaire,
Font briller leur esprit, ont un air si charmant,
Et font de leur beauté tout leur amusement.

agélas.

Parmi les courtisans dont la foule épandue
Brille dans cette cour et s’offre à votre vue,
Ne s’en trouve-t-il point quelqu’un assez heureux
Pour pouvoir s’attirer un regard de vos yeux ?
Pourriez-vous les voir tous avec indifférence ?