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démocrite.

Oui.

strabon.

Oui.Que diriez-vous, qu’un roi cherchant à plaire,
Comme un aventurier donnât dans la bergère ?

démocrite.

J’en rirois tout à fait.

strabon.

J’en rirois tout à fait.Que nous serions heureux !
Notre fortune ici seroit faite à tous deux.
L’amour est, je l’avoue, une belle manie :
Les hommes sont bien fous ! Rions-en, je vous prie :
Je les trouve à présent presque aussi sots que vous.

démocrite, à part.

Il ne me manquoit plus que d’être encor jaloux.
J’étouffe, et je sens là…
certain poids qui m’oppresse.

strabon.

D’où vous vient, s’il vous plaît,
cette sombre tristesse ?
Du bien de Criséis n’êtes-vous pas content ?
Pourquoi cet air chagrin, à vous qui riez tant ?

démocrite.

Ces feux pour Criséis me donnent quelque ombrage.
Son éducation est mon heureux ouvrage ;
Elle est sous ma conduite arrivée en ces lieux,
Et j’en dois prendre soin.

strabon.

Et j’en dois prendre soin.On ne peut faire mieux.

démocrite.

Agélas a grand tort d’employer sa puissance