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Scène VIII


LE CHEVALIER, VALENTIN.

Le Chevalier

Ah ! Mon cher Valentin, tu me vois hors de moi ;
Mon bonheur est si grand qu’à peine je le crois.
J’ai reçu mon argent ; regarde, je te prie,
Des billets que je tiens la force et l’énergie ;
Tous billets au porteur, des meilleurs de Paris ;
L’un de trois mille écus ; l’autre de neuf, de six,
De huit, de cinq, de sept. J’achèterois, je pense,
Deux ou trois marquisats des mieux rentés de France.

Valentin

Quelle aubaine ! Le bien vous vient de toutes parts.
De grâce, laissez-moi promener mes regards
Sur ces billets moulés, dont l’usage est utile.
La belle impression ! Les beaux noms ! Le beau style !
Ce sont là les billets qu’il faut négocier,
Et non pas vos poulets, vos chiffons de papier,
Où l’amour se distille en de fades paroles,
Et qui ne sont partout pleins que de fariboles.

Le Chevalier

Va, j’en connois le prix tout aussi bien que toi ;
Mais jusqu’ici l’usage en fut peu fait pour moi :
J’espère à l’avenir m’en servir comme un autre.

Valentin

Vous ignorez encor quel bonheur est le vôtre ;
Votre frère pour vous vient encor d’être pris.