Jé sors d’uné maison, qué la terre engloutisse,
Et qu’avec elle encor la nature périsse !
Où, jusqu’au dernier sou, j’ai quitté mon argent.
D’un maudit lansquénet lé caprice outrageant
M’oblige à té prier dé vouloir bien mé rendre
Cent louis qué dé moi lé bésoin té fit prendre.
Excuse si jé viens ici t’importuner ;
En l’état où jé suis, on doit tout pardonner.
Je vous pardonne tout ; pardonnez-moi de même,
Si je dis qu’en ce point ma surprise est extrême.
Je ne vous connois point. Comment auriez-vous pu
Me prêter cent louis, ne m’ayant jamais vu ?
Quel est donc cé discours ? Il mé passe. À l’entendre…
Le vôtre est-il pour moi plus facile à comprendre ?
Vous né mé dévez pas cent louis ?
Non, ma foi ;
Vous les avez prêtés à quelque autre qu’à moi.
II né vous souvient pas qu’allant en Allémagne,
Étant vide d’argent pour fairé la campagne,
Sans âne, ni mulet, prêt à demeurer là…
Jé né mé souviens pas d’un mot dé tout cela.